Dans le cadre de la matérialisation de sa vision de contribuer à la préservation du capital naturel du pays, de manière à appuyer le développement durable, en permettant simultanément l’amélioration de l’indice de développement humain et la création d’un modèle d’économie faible en carbone, le Fonds mondial pour la nature, WWF-RDC venait de présenter, le 16 juillet 2021, un nouveau projet qu’il est en train d’exécuter en République Démocratique du Congo centré sur les questions forestières.

Ce projet qui est financé grâce à une subvention de l’Initiative Internationale pour le Climat et les Forêts de la Norvège (Nicfi) sur une durée de 5 ans, soit de 2021 à 2025, est mis en œuvre dans les provinces de l’Equateur et du Maï-Ndombe.

Il a pour objectif de freiner la déforestation et la dégradation des écosystèmes forestiers. Autrement dit, il vise à s’attaquer aux différents moteurs de déforestation déjà identifiés dans le cadre du programme de réduction des émissions des gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD), à savoir : l’agriculture itinérante sur brûlis, l’expansion de l’agriculture, la production du bois énergie, les feux de brousse incontrôlés, la migration vers les forêts, l’élevage extensif, l’exploitation forestière industrielle et artisanale non durable, le développement des infrastructures, la coordination insuffisante des politiques de développement ou encore l’aménagement du territoire non durable contribuent à l’accroissement de la déforestation et de la dégradation des forêts.

Pour sa réalisation, il est prévu de renforcer la gouvernance forestière et les capacités de différents acteurs, de leur apporter divers appuis et d’accompagner les petits producteurs de cultures pérennes et les entreprises forestières à adopter les meilleures pratiques de gestion qui freinent la déforestation et la dégradation des forêts, ainsi que des terres.

Les parties prenantes principales du projet sont notamment : les autorités provinciales de l’Equateur et du Maï-Ndombe, le Ministère de l’Environnement et du Développement durable, les entreprises forestières sélectionnées, les organisations de la société civile partenaires et les communautés locales et peuples autochtones riverains des zones du projet.

RENFORCEMENT DES CAPACITES

Ainsi, constatant que le conseil consultatif national des forêts et les conseils consultatifs provinciaux des forêts constituent des groupes multi-acteurs, multisectoriels et multidisciplinaires pouvant impulser le changement à partir du sommet, en vue d’atteindre un plus grand nombre possible des parties prenantes facilement, le WWF-RDC a jugé bon d’appuyer ces structures, premièrement pour leur opérationnalisation au niveau national et provincial, et deuxièmement pour leur renforcement des capacités.

C’est dans cette optique que le Ministère de l’Environnement et Développement Durable (MEDD), à travers sa Direction Générale des Forêts (GDFor), a sollicité et obtenu un appui financier auprès du Fonds Mondial pour la Nature, Section de la République Démocratique du Congo (WWF-RDC), pour une  expertise sur le renforcement des capacités des membres des Conseils Consultatifs Provinciaux des Forêts (CCPF) de l’Equateur et du Maï-Ndombe.

Cette expertise avait pour but de contribuer à l’amélioration de la gouvernance forestière pour une gestion durable des écosystèmes forestiers de la RDC, à travers l’organisation des ateliers de renforcement des capacités des membres des conseils consultatifs provinciaux des forêts (CCPF) de l’Equateur, à Mbandaka, du 07 au 11 août 2021 et du Maï-Ndombe, à Inongo, du 18 au 21 août 2021.

RESULTATS DES ATELIERS

Ces deux ateliers de deux jours chacun à Mbandaka et à Inongo ont abouti globalement aux résultats ci-après :

  1. L’établissement de la liste des besoins en renforcement des capacités du CCPF de l’Equateur et du CCPF de Maï-Ndombe ainsi que l’élaboration des termes de référence tenant compte des besoins exprimés par les Provinces ;
  2. L’élaboration des différents modules de formation répondant aux besoins du renforcement des capacités voulu par les CCPF ;
  3. Le recadrage des attentes des parties sur le renforcement des capacités des membres du CCPF de l’Equateur et de Maï-Ndombe ;
  4. L’opportunité pour les membres des CCPF de l’Equateur et du Maï-Ndombe d’avoir droit :
  • A l’information sur le nouveau projet « Freiner la déforestation et la dégradation des forêts en RDC du WWF ;
  • Au rappel des termes de référence de la mission de renforcement des capacités des membres des CCPF ;
  • A la formation sur les modules suivants :
  • Bases légales et réglementaires du CCPF ;
  • Types des concessions forestières en RDC et leurs modes d’attribution ;
  • Plaidoyer sur l’utilisation des redevances et taxes dans le secteur forestier au niveau provincial ;
  • Mise en place d’un bon système de suivi ;
  • Organisation d’évaluation efficace ;
  • Conflits et mécanismes de résolution des conflits forestiers.
  1. L’opportunité pour l’administration forestière de recevoir une documentation disponible constituée notamment de l’arrêté provincial N°2010/013/CAB/PROGOU/EQ/DC/PLB/2021, du 01 mars 2010, portant mise en place des membres du conseil consultatif des forêts de l’Equateur et de l’arrêté provincial N°006CAB/PROGOU/MAND/GNM/2018, du 15 mars 2015, portant composition, organisation et fonctionnement du conseil consultatif provincial des forêts de la Province du Maï-Ndombe ainsi que du règlement intérieur du CCPF de Maï-Ndombe ;
  2. La sensibilisation de la population sur la problématique de renforcement des capacités des membres du CCPF pour freiner la déforestation et la dégradation des forêts de la RDC en général, et des Provinces de l’Equateur et du Maï-Ndombe, en particulier.
  3. Le mérite non seulement de tirer des leçons sur les bonnes pratiques de renforcement des capacités en vue de leurs duplications éventuelles dans d’autres Provinces du pays, mais aussi et surtout, pour les utiliser comme des intrants (inputs) dans le document de la politique forestière nationale en élaboration ainsi que dans la loi forestière (Code forestier) à réviser à l’issue de la politique.

LEÇONS APPRISES

De ce qui précède et comme, il y a lieu de prendre bonne note des faits ci-dessous :

  • Les besoins en renforcement des capacités dans ces deux Provinces sont énormes et qu’il est nécessaire de concevoir et mettre en œuvre tout un programme de formation pour toutes les parties prenantes en vue de leur permettre de contribuer efficacement au succès du nouveau projet du WWF dans ces zones.
  • Le renforcement des capacités se fait de manière sporadique parce que l’Etat congolais à n’importe quel niveau (national, provincial et des Entités Territoriales Décentralisés) n’intervient pas. C’est l’affaire simplement des partenaires techniques et financiers (PTF), en l’occurrence le WWF, pourtant ce dernier ne devrait intervenir qu’en appui.
  • Les faibles capacités des parties prenantes rendent difficile les efforts d’amélioration de la gouvernance forestière, de lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts, de lutte contre les changements climatiques et de lutte contre la pauvreté en RDC.

En conclusion et à en croire les observateurs avisés, les actions que le nouveau projet de WWF-RDC est en train de déployer permettront, aux administrations nationales et décentralisées à mettre en œuvre des politiques clés pour lutter contre la perte de forêts en RDC et aux organisations de la société civile d’identifier et dénoncer la criminalité forestière et faunique.

Ces mêmes actions encourageront également les entreprises forestières à réaliser les clauses sociales du contrat de concession forestière et à mettre en place les mesures d’exploitation forestière à impact réduit, puis de suivre la mise en œuvre des plans d’aménagement durable.

Elles auront aussi comme effet, à termes, d’impliquer davantage tant les agro-industries que les petits producteurs d’huile de palme et d’autres produits de base dans l’amélioration des pratiques de gestion durable des forêts.

Enfin, à l’issue de toutes les prestations de la mission de renforcement des capacités, il se remarque que toutes les parties prenantes à Mbandaka comme à Inongo sont enthousiasmées à l’idée de poursuivre le renforcement des capacités de toutes les parties prenantes par le WWF en vue de mieux les faire participer à la mise en œuvre du nouveau projet dans les Provinces de l’Equateur et de Maï-Ndombe.

 

Maurice MATANDA

MEDD