En marge d’un point de presse organisé à Matadi, le 17 Octobre 2020, la Coalition nationale contre l’exploitation illégale du bois (CNCEIB) a décrié la coupe illégale du bois et la carbonisation orchestrée par des réseaux criminels opérant dans la zone tampon de la Réserve de Biosphère de Luki, dans la province du Kongo central.
Au cours des observations menées durant les années 2018 et 2019, la CNCEIB avait constaté avec amertume que la Réserve de Biosphère de Luki, a fait savoir M. Philippe Nzita, Coordonnateur de la CNCEIB, que «fait l’objet d’une convoitise à outrance des scieurs de long, ainsi que des charbonniers composés en majeure partie de la population riveraine de la réserve, dont certains membres interviennent dans la réserve de leur propre gré ». Avant de révéler que d’autres par contre, « interviennent en réseau avec la complicité des hauts cadres de l’Etat tant au niveau provincial que national ». Et de reconnaître que l’on assiste donc, loin s’en faut, à « une destruction méchante, systématique, organisée et progressive de la Réserve de Biosphère de Luki ; ce beau laboratoire naturel d’écosystèmes variés pour une recherche forestière digne, et qui doit à tout prix être protégée ».
Pour sensibiliser les communautés à abandonner ces pratiques qui provoquent déjà des conséquences sur le plan climatique, a-t-il renchérit, « des sessions de sensibilisation ont été stratégiquement réalisées dans les grands centres couvrant les quatre enclaves de la réserve et ses périphéries plus précisément dans la cité de Lemba, Mangala, Tsumba kituti, Kinzau, ainsi qu’une autre réunion d’échange avec les éco gardes à la station de Luki. Malgré ces efforts consentis », la CNCEIB continue à enregistrer par le biais de son comité d’alerte, des cas d’exploitation illégale du bois de la Réserve de Luki, fait-il remarquer.
Au cours de cette rencontre avec les chevaliers de la plume, il a fait remarquer qu’au-delà des menaces de déforestation pesant sur cette réserve, la CNCEIB se félicite tout de même d’une dynamique née des initiatives mis en place par les communautés et les partenaires dont WWF et l’Union Européenne. Selon lui, cette dynamique se présente aujourd’hui comme une alternative plausible. Elle contribue énormément à freiner la destruction massive et effrénée, de la Reserve de biosphère de Luki.
Des activités pour endiguer la déforestation
Prenant la parole, M. Alain Huart a reconnu que « plus de 20 000 ha de forêts ont été régénérées par les communautés vivant dans et autour de la réserve. Si nous atteignons 100 000 ha, nous pouvons recréer un équilibre climatique », s’est-il félicité en encourageant les actions de la CNCEIB.
Il convient de préciser qu’au tour de la réserve, coexistent aujourd’hui plus de 80 Comités locaux de développement (CLD). Ces organisations dument reconnus par l’Etat congolais, regroupent en leur sein, chacun, en moyenne une centaine des ménages.
A travers ces organisations, les communautés sont sensibilisées, formées, et appuyées pour développer elles-mêmes des activités génératrices de revenus, notamment la pisciculture, l’élevage, la mise en défens, et autres. A en croire la CNCEIB, cette expérience a prouvé que plus les communautés sont occupées, plus elles n’ont pas suffisamment du temps pour exercer la pression sur la réserve. et que de ce fait, les CLDs méritent être soutenus.
Pour votre gouverne, WWF qui appuie sur le plan technique et financier la CNCEIB sous le financement NORAD, mène depuis plus de dix ans des activités de grande envergure, à savoir : les études à grande échelle sur les alternatives les plus durables, en vue de sédentariser l’agriculture ; valoriser la régénération naturelle des forêts ; la mise en valeur des produits forestiers non ligneux (PFNL) ; la structuration communautaire en CLD ; l’éducation environnementale, etc. Ces actions sont susceptibles d’intéresser tout le bassin du Congo et l’Afrique entière grâce au micro-climat recrée dans la zone de Luki où 17 millions de tonnes de Co2 sont stockés dans 218.442 ha des forêts. Cela malgré qu’en moyenne, la perte est estimée à 3000 ha/an avec un taux de déforestation de 1,32%.
Albert Kpalafio – Coalition nationale de la lutte contre l’exploitation illégale du bois (CNCEIB)