Le Fonds mondial pour la nature (WWF) en RDC a officiellement lancé, le 14 juillet 2017, le nouveau projet de gouvernance forestière en République Démocratique du Congo lors d’un atelier dans la salle de la paroisse Sacré-Cœur à Kinshasa-Gombe.
Cinq provinces de la République démocratique du Congo seront les bénéficiaires de ce nouveau projet de « gouvernance forestière » initié par le WWF-NORVÈGE avec les financements de l’Agence norvégien de développement de la coopération (NORAD) pour une durée de 4 ans. Il s’agit entre autres des provinces du Maindombe, de la Tshopo, de l’Equateur, de la Mongala et du Kongo central.
Les activités de ce nouveau projet vont commencer avec l’installation dans les prochains jours, du Conseil consultatif de la province de Mai- Ndombe et les autres activités seront planifiées les différentes parties prenantes. La première phase de ce projet exécuté entre 2011 et 2015, a permis de réaliser le gap entre les prévisions et les réalisations. Sur les 57 concessions prévues au départ, seules 23 ont été actives, et ont produit la moitié des prévisions escomptées.
Quant au projet nouveau projet élaboré par le WWF-RDC, il devra soutenir et faciliter la négociation ainsi que le suivi de la deuxième phase des clauses sociales avec le souhait, cette fois, de voir plus d’engagements des parties prenantes.
Pour le directeur national du WWF-RDC, Jean-Claude Muhindo, ce projet n’est pas seulement implanté en RDC mais aussi dans d’autres pays africains et d’Asie, dans le but de préserver la biodiversité, lutter contre les changements climatiques, promouvoir l’énergie propre, etc. Il est, en effet, la suite d’une série d’appuis dont le WWF-RDC a bénéficié depuis 2009 en termes des financements du gouvernement norvégien sous plusieurs appellations, qui concourent à rendre efficace la participation des organisations de la société civile afin d’influencer les décisions des autorités gouvernementales par le plaidoyer pour améliorer la gouvernance forestière, a-t-il ajouté.
Madame Hilde Dahl, Premier Secrétaire climat et forêt à l’Ambassade de Norvège en RDC, a déclaré : « Le gouvernement norvégien considère que la société civile est un acteur clé dans la gouvernance forestière en RDC. Ce projet de WWF consiste à lui donner les moyens techniques et financiers pour renforcer son rôle d’observateur. Le travail déjà réalisé par la Coalition nationale contre l’exploitation illégale du bois devrait également se poursuivre afin d’encourager le renforcement du travail de la conservation des forêts à travers les actions de plaidoyer durable et l’application de la loi forestière », a-t-elle souligné, en notant sa satisfaction de constater que les peuples autochtones jouent un rôle important dans le travail qui se fait.
Le ministre chargé du Développement rural, Justin Bitakwira, faisant l’intérim de son collègue chargé de l’Environnement et du Développement durable, a étalé les efforts fournis par la RDC pour la protection et la gestion durable des forêts. Il a, par ailleurs, regretté que malgré ces efforts déployés, le secteur forestier connaît de sérieux problèmes de fonctionnement qui l’empêchent de devenir, comme les mines et les hydrocarbures, un secteur créateur des richesses.
Pour le ministre, l’amélioration de la gouvernance forestière qui implique de faire respecter les textes et les lois réglementaires demeure le remède idéal. Il a reconnu tout de même les faiblesses qui ont minées l’aboutissement des clauses sociales de la première phase conclues entre 2010 et 2015, notamment les conflits entre les communautés locales et les exploitants forestiers. C’est ainsi qu’il a appelé toutes les parties prenantes à soutenir le nouveau projet de gouvernance forestière en République Démocratique du Congo.
S’appuyant sur le rapport-synthèse produit par CIFOR et WWF en 2017 basé sur les rapports de terrain de vingt et une ONG partenaires de WWF-RDC, le directeur national de WWF-RDC a noté que l’évolution future des clauses sociales dépendra de l’engagement des autorités publiques, associée à l’implication des ONG nationales et internationales, du secteur privé et des communautés locales et autochtones dans la consolidation des acquis obtenus jusqu’ici grâce à l’observation indépendante non mandatée. Pour arriver à ce résultat, le WWF-RDC plaide pour et s’inscrit en faveur de plus d’approches PPP ; Partenariat public-privé (PPP) et Profit, population, planète (PPP).
Dans cette optique, les actions conjuguées des différents acteurs devront concourir à pérenniser les acquis des clauses sociales; améliorer les aptitudes des membres des comités locaux de gestion et de suivi à assumer les responsabilités qui leur sont dévolues; à assurer le besoin de formation du secteur privé, eu égard à la complexité des missions de développement qui lui incombent au regard de la loi et à instituer et consolider le suivi forestier indépendant non mandaté comme une démarche citoyenne complémentaire aux missions de contrôle exécuté par l’administration forestière, admise et acceptée par les autorités publiques et le secteur privé.
A cet effet, la responsabilité de conduire les missions de négociation et de suivi des clauses sociales, la mise en place des Conseils Consultatifs Provinciaux des forêts ainsi que la sécurisation des terroirs des peuples autochtones par la cartographie de leurs espaces incombent aux organisations de la société civile partenaire dont le REPALEF ( Réseau des populations autochtones et locales pour la gestion durable des écosystèmes forestiers en RDC) , la CNCEIB ( Coalition Nationale contre l’exploitation illégale du bois) et les ONG partenaires.
Le Directeur National de WWF-RDC a appelé les organisations de la société civile à prendre leur destin en main et à travailler de façon professionnelle. Il a également exhorté le secteur privé à plus d’ouverture et à la collaboration avec la société civile tout en rappelant que l’absence de consensus sur la légalité due à la contradiction de certains textes d’application du code forestier et l’absence du contrôle faisaient l’objet de critiques de la part des acteurs du secteur forêt, ternissent ainsi, avec son lot de conséquence, l’image du pays.
L’atelier s’est clôturé par la présentation du projet de programme de gouvernance forestière faite par le coordonnateur du projet au sein de WWF-RDC, Jean-Marie Bolika, suivie d’une séance de questions-réponses qui a permis à tous les participants d’avoir une même compréhension de ce nouveau plan qui va guider le travail de chacun et de tous, pour la gestion durable des forêts de la RDC.