Ecrit par Léonard Bombolo, Juriste environnementaliste au Réseau des peuples autochtones et communautés locales sur la gestion durable des écosystèmes forestiers (REPALEF), RDC.
Le Brésil et la RDC à travers leurs forêts respectives de l’Amazonie et la forêt équatoriale constituent les deux plus grands poumons du monde, pourvoyeurs de l’oxygène à l’humanité au regard des caractéristiques climatiques, hydrographiques et anthropologique ; situation qui ne peut laisser pas indifférente la RDC et ses populations riveraines. Ce sont les propos tenus par Mme Dorothée Lisenga, Présidente du Conseil d’administration de la Coalition des femmes leaders pour l’environnement et le développement durable (CFLEDD) dans une tribune organisée lors du point de presse de la Coalition nationale contre l’exploitation illégale du bois (CNCEIB) tenu le 18 septembre 2018 au restaurant Zamani de Kinshasa.
Des origines d’incendies au Brésil.
Mme Dorothée a situé ses origines en signifiant que « le bassin de l’Amazonie, faisant à peu près la taille de l’Australie, est recouvert d’une végétation dense comprenant 400 milliards d’arbres. Sa forêt dense et humide fournit « un cinquième de l’oxygène » de la planète ; elle stocke du carbone vieux de plusieurs siècles et « dévie et consomme une quantité inconnue mais significative de chaleur solaire », a-t-elle bronché. Avant d’avouer que « la forêt amazonienne « alimente des systèmes à l’échelle de la planète », y compris les rivières atmosphériques, puisque 20 % de l’eau douce de la planète traverse des cycles dans cette forêt tropicale.
Selon elle, depuis les années 1970, le Brésil a deforesté environ 20 % de la forêt, ce qui représente 777 204 km2, soit une surface quasiment aussi grande que la Turquie. 60% de la forêt amazonienne est située en territoire brésilien, tandis que 13 % se trouvent au Pérou et 10 % en Colombie, et des portions moindres au Venezuela, en Équateur, en Bolivie, à Guyana, au Suriname.
Quelles en sont les causes ? Les incendies se produisent naturellement pendant la saison sèche en juillet et août. En citant Euronews, cette leader des femmes autochtones, a noté que les incendies de forêt se sont multipliés du fait que l’activité agricole « s’est étendue dans le bassin amazonien et a encouragé la déforestation ». Tout en reconnaissant que certains agriculteurs provoquent des incendies afin de défricher légalement ou illégalement les terres à des fins d’élevage. En août, a-t-elle renchérie, les agriculteurs de l’état amazonien de Pará ont publié une annonce dans le journal local concernant une queimada ou « journée de feu » en août. Peu de temps après, le nombre d’incendies a considérablement augmenté. Illégalement, ces dernières années, des « accapareurs de terres » (grileiros) ont pénétré profondément les forêts des« territoires autochtones du Brésil et divers endroits protégés de l’Amazonie ».
Impacts de ces incendies sur la forêt et les peuples autochtones
Elle l’a démontré au cours de son intervention. Le panache de fumée des incendies à Rondônia et à Amazonas (à plus de 2 000 km au nord-est) a assombri le ciel sur la plus grande ville du Brésil, São Paulo. Les épaisses fumées sont entrées en contact avec des communautés. En plus des dommages environnementaux, l’agriculture sur brûlis à la base de ces incendies les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des peuples autochtones du Brésil résidant dans la forêt ou à proximité de celle-ci. Des représentants autochtones ont déclaré que les agriculteurs, les bûcherons et les mineurs, encouragés par la politique du gouvernement, ont forcé ces populations à quitter leurs terres, parfois par la violence, assimilant leurs méthodes à un génocide. Certaines de ces tribus ont juré de lutter contre ceux qui sont engagés dans la déforestation afin de protéger leurs terres, a-t-elle renseigné aux participants.
En ce qui concerne la faune, les scientifiques s’inquiètent du fait que les incendies ont causé la mort d’un grand nombre d’animaux et complètement perturbé leurs habitats naturels, tout en modifiant les conditions climatiques naturelles des vastes zones autrefois boisées.
Liens avec les forêts du Bassin du Congo
La situation qui prévaut actuellement dans les forêts d’Amazonie, premier poumon du monde ne peut laisser indifférente toute personne ayant le sens de protéger et de conserver la biodiversité notamment des espèces fauniques et floristique et autres ressources naturelles pour le bien de ce pays et par ricochet de toute l’humanité.
Outre ce fait, les questions de solidarité nous obligent également à tourner le regard sur cette étendue du Bassin amazonien.
Elle a, par ailleurs, noté qu’au regard de ce qui se passe en Amazonie, la République Démocratique du Congo est plus qu’interpelée et invitée à tirer des leçons susceptibles de l’aider à limiter la déforestation, à réglementer la coupe de bois et surtout à encourager le reboisement des mêmes espèces coupées. Avant d’appeler la RDC à promouvoir les bonnes pratiques de l’agriculture durable en lieu et place de la mise en culture itinérante sur brûlis pour la production vivrière, elle prône la conservation et la protection de l’immense diversité d’espèces végétales et fauniques, constituant ainsi un atout important pour le développement de la nation.
Engagée dans le processus REDD+ et aussi dans le cadre de son plaidoyer sur les droits des communautés locales et des peuples autochtones tributaires des forêts, la plateforme CFLEDD, a-t-elle conclut saisit cette opportunité pour mener un plaidoyer dans le but d’informer, de conscientiser les parties prenantes en vue de prévenir la survenue des incendies des forêts qui sont encore relativement intactes en arrêtant la déforestation de la forêt équatoriale suite l’exploitation illégale du bois tant décriée. Avant de conclure qu’il est temps d’agir à notre sens en vue de prévenir que ce qui se passe en Amérique du sud n’arrive jusque-là.